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1. |
Nos déraisons
04:06
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Nos déraisons
On a des larmes qui nous coulent le long des joues
Et l'on sait bien que l'on est fous
On a des plans pour s'enflammer
On a des jeux, on aime jouer
Quand on regarde autour de soi
On se sent bien d'être nous deux
Et même si tout craque, ma foi
On s'en balance, on est des dieux !
On a envie d'aller plus loin
Toujours plus loin, nos déraisons
Nous emmènent et nous font du bien
Sur la route où nous nous perdons
Mais qu'est-ce qui vibre à contre coeur ?
Qu'est-ce qui nous perd dans la douleur ?
Alors qu'on s'aime comme des bêtes
Et que nos proies courent dans nos têtes ?
Pourquoi ne suis-je sûr de rien
Alors qu'en tout nous nous aimons ?
Pourquoi es-tu parfois si loin
Que parfois j'en perds la raison ?
Nous sommes des corps en latence
Qui doivent s'unir, vibrer, souffrir
Et sans jamais d'indifférence
Exulter d'être jusqu'à mourir
On a des larmes qui nous coulent le long des des joues
Quand on oublie d'être assez fous
Quand au lieu de rire et jouer
On donne tout à se blesser
Tu crois que tu n'es pas si belle
Sauf dans les yeux de tes amants
Mais s'il y en a des ribambelles
C'est bien que tu nous plaît vraiment
Je veux te voir toujours jouir
Comme certains soirs dans d'autres bras
Et j'ai plaisir à te punir
Si quelquefois tu n'y tiens pas
Avec la beauté impatiente
Que toujours je voudrais toucher
Je crois toujours que tout me tente
Et je jouis fort, à en pleurer
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2. |
Un frisson
04:54
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3. |
Ophélie
03:37
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I
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir
Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or
II
O pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
C'est que les vents tombant des grand monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;
C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
À ton esprit rêveur portait d'étranges bruits,
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;
C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !
Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible éffara ton oeil bleu !
III
- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.
Arthur Rimbaud
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4. |
Au grand jour
04:06
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Dans la foule, là bas
Des visages
Il y a ceux-là qui marchent
Sans but
Et puis ceux qui soutiennent
Que demain
Tout sera dans les ordres
Dans le bien
Encore ceux qu'ensorcellent
Les vertiges puissants
De l'avoir
D'en avoir pour longtemps
Et puis ceux qui se viennent
Dans les plis de l'amour
Accrocher
La lueur du jour
Comme l'on n'a jamais
Rien sans rien
Comme l'on est jamais bien
Sans nos liens
Parce qu'on craint le couteau
Dans la plaie
En tendant notre laisse
Comme des chiens
Alors qu'on sait si bien
Tendre le poing
Qu'on pourrait saluer
Demain
On s'oublie dans les plis
De l'amour
Affolés
Par la lueur du jour
Et l'on croit qu'aujourd'hui
Ce n'est rien
Tous tendus que l'on est
Vers demain
Et l'on n'ose jamais
Se donner au grand jour
Les moyens
De changer nos destins
Mais je sais que tes bras
M'ensorcellent
L'amour, tu le fais
Si bien
J'irais bien dans les plis
De l'amour
Capturer
La lueur du jour
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5. |
Les autres
04:19
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Que cherchent-ils, les autres
Ceux qu’on ne connaît pas
Ceux qu’on ne comprend pas
Ceux dont c’est bien la faute ?
Que cherchent-ils sous nos peaux
Que font-ils de nos sueurs
Pourquoi changent-ils les mots
Pourquoi font-ils nos peurs ?
Que cherchent-ils les lâches
Cachés dans leurs palaces
A quel monde rêvent-ils
De qui se moquent-ils ?
Que cherchent-ils les autres ?
Tu n’as rien dans les poches, mon ami
Après le dûr labeur
La vie parait bien moche, mon ami
Tu vis et puis tu meurs
Tu trime pour demain
Mais demain tu es vieux
Et demain tu t’en vas
Et après le bonheur
Si tu crois les sornettes
Si t’espères peut-être
Que tout ça va changer
Sans même te lever
Tu n’as rien dans la tête, mon ami
On prend même tes pensées
Pour les faire fructifier
Pour tout bien transformer
En milliards de dollars
Les milliards des connards
On t’écrit ton histoire
On construit tes images
Et on te laisse croire
Que tout va s’arranger
Que la crise est comme ça
Qu’elle ne fait que passer
Regarde avec envie
Dans les poches des autres
Et envie leurs soucis
A eux qui font les nôtres
Que cherchent-ils les autres ?
Et qui sont-ils les autres
Qui se cachent dans les comptes
Et qui cachent dans leurs coffres
Ce qu’ils prennent de nos vies ?
Sont-ils au tribunal
A les rendre les comptes
A ouvrir grands leurs coffres
A nous rendre nos vies ?
Sont-ils à la télé
En train de s’expliquer
Pourquoi le monde entier
S’empresse de tomber ?
Sont-ils devant le peuple
A visages découverts
En train de justifier
Nos colliers de misère ?
Sont-ils en paix, tranquilles
Dans des mondes dorés
Tellement parallèles
Qu’on ne peut les toucher ?
Que cherchent-ils les autres ?
Ils ne sont qu’une poignée
En ordre dispersé
Et nous sommes des milliards
Des milliards de connards
Qui nous laissons bouffer
Sans même faire souffler
Un bon vent de révolte
Qu’ils savent réprimer
Parce qu’on reste couchés !
Il est temps de leur dire
Il est temps de crier
Il est temps de crier
De balancer nos mots
A leurs gueules cachées
De reprendre nos vies
De cesser de rimer
De cesser de trimer
Pour mieux les engrosser
Il est temps de vouloir
De prendre le pouvoir
Et puis la liberté
Car ils tremblent les autres
Quand nos bouches s’unissent
On va les faire cracher !
C’en est fini de l’ordre
Du bon ordre rangé
Oui nous allons marcher
Tout droit vers leurs palais
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6. |
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Bientôt un an, passé en quelques heures
Le souvenir pour dire merde à la peur
Rester debout, même si l'on pleure
Se tenir droit, quand les loups nous aboient
De mornes slogans à qui de droit
Se tenir droit quand les bombes pleuvent
Bientôt un an, ton sourire, ma Lola
Je ne le pleure plus, je sais qu'il est là
Mais qu'en ton nom, ils n'éteignent pas ta voix
Qui chante encore la fête et la joie
En ta mémoire, nourrir des champs de rêves
Embrasser la vie, le souvenir qui nous lève
A faire un autre monde que celui qui t'enlève
A notre amour, chanter enfin la trêve
Aux pauvres types déracinés des rêves
Au bon vouloir des idiots qui nous crèvent
Larmes. Automne et novembre.
Paris est belle quand elle parle de toi
Quand ton sourire nous souvient qu'on est là
Chanter nos larmes plutôt que la colère
Juste donner un coeur à la misère
Paris est belle quand elle est un refuge
Aux déplacés des conflits qui nous jugent
Maquillés pour la fête, nous étions des rois
La main qu'on tend même au chien qui aboie
Notre mémoire, n'est pas une marchandise
Un argument ajouté à la crise
On se souvient de l'attente impossible
Quand c'est l'amour qu'on avait pris pour cible
Elle dure encore, j'attends que tu sois là
Le ventre en vrac un petit mot de toi
Pour faire le monde, qu'on avait dit qu'on ferait
Pour faire des livres, des dessins à la craie
Et des musiques de plaisir et de joie
Qui hurlent encore, qui hurlent que tu es là
Larmes. Automne et novembre.
Un an de fleurs, de bougies et de larmes
Un an à crier qu'il faut rendre les armes
Tu as bien fait, Lola, de partir loin d'ici
Ils sont devenus fous, ils ont souillé Paris
Avec l'urgence, lacrymale à l'envi
De nous réduire aux minutes de silence
Un an passé à nous tuer notre France
Celle qui tenait, sans doute, à ton sourire
Il reste en nous, à présent que le pire
Veut justifier tant de mots hypocrites
Nous obliger à plier sous les rites
De ce qui reste de notre République
Nous étions debout sur les places publiques
Pour inventer une toute une autre musique
Célébrer la vie, et leur dire que leur cause
N'a pas le parfum de la joie qui nous sauve
Quand on s'enlace pour danser avec toi
Lola, la vie sans toi, Lola, la vie se sauve
Celle qu'on voulait, partager avec toi
Larme. Automne et novembre.
Quoi qu'il arrive on vivra nos envies
On vous doit ça, à vous qui êtes partis
Chanter l'amour encore, faire vibrer nos corps
Danser, danser, danser jusqu'à la mort
Ils n'auront pas, ton sourire et nos rires
Paris sera, la ville où l'on soupire
Qu'un mot de toi tarde vraiment à venir.
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7. |
Le temps viendra
05:49
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Un arbre plie sous le poids du vent
La nature retourne nos sentiments
Et les hommes se soucient d’argent
Et l’on dit que le temps viendra
Et l’on dit que demain ce sera
Le grand soir
Et puis la liberté
Et des porcs s’enrichissent au bout du monde
Sur le dos des enfants qu’ils fécondent
Pour gagner c’est toujours maintenant
Mais leur temps
Ce n’est que de l’argent
Mais l’on dit que le temps viendra
Que demain ce sera la grand soir
Et après ?
Une poupée croule sur le sable brûlé
Des horreurs qu’elle a surmontées
Une ligne rouge sang la sépare de sa mère
Pourvu qu’elle n’attrape pas un revolver
Et l’on dit que le temps viendra
Et l’on dit que demain ce sera
Le grand soir
Et puis la liberté
Mais l’on dit que le temps viendra
Que demain ce sera la grand soir
Et après ?
Et derrière un bureau à Paris
Tout encravaté de désirs de profits
Un goitreux signe la mort au Rwanda
Son nom est connu : c’est Charles Pasqua !
Et l’on dit que le temps viendra
Et l’on dit que demain ce sera
Le grand soir
Et puis la liberté
Mais l’on dit que le temps viendra
Que demain ce sera la grand soir
Et après ?
Et devant les armes amassées
Tout un peuple se méfie du passé
Des humains qui ont commis la fin
De toute amitié
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8. |
Un cri
05:02
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L'espace d'un cri – au vent
On oublie tout – avant
Que les poings levés
Quand la révolte gronde
S'ouvrent en une main tendue
L'espace d'un cri – tout prend
Le grand virage – qui fend
L'espoir de voir encore
Le ciel rouge et toujours
Voler les drapeux noirs
On est trahi – tout l'temps
Par les élites – à cran
Et voilà que tout glisse
Vers la droite et encore
Vers la peur et la nuit
Mais l'on souffle encore
Un vent de liberté
Dans nos têtes fragiles
Et prêtes à s'oublier
Mais l'on sourit encore
De partage et d'amour
De tendresse entre nous
Et nos yeux vibrent fort
La laine s'effile – lent'ment
Les feneêtres se brisent – au vent
Et nous voilà transis
Devant le paysage
De nos mélancolies
On perd la notion - du temps
De l'Histoire et des – tourments
Qui nous rappellent à l'aube
Du désir de toujours
De voir changer tout ça
L'avenir s'enfuit – vain'ment
Perdus dans la nuit – on sent
L'énergie de la foule
Qui n'se rédigne pas
A marcher tout en rang
Et oui l'on peut crier !
Cracher de nos poumons
L'air vicié qui nous prend
Dans de sales idées noires
On peut même renverser
Les murs, là, dans nos têtes
Et jouir en liberté
De l'humain qui nous reste
L'espace d'un cri – s'étend
La révolte en nous – qui prend
La couleur noire du ciel
Quand la lumière recule
Sur les événements
Le bruit grond' sur nous – à présent
Des bottes et des – slogans
Et les mains qui se lèvent
En salut d'autre temps
Réveillent nos pires histoires
A nous de décider – vraiment
Si l'on veut que nos cris – au vent
Si l'on veut qu'ils soient rouges
Ou bien noirs ou bien blancs
Si l'on veut qu'ils soient grands
Là souffle encore pour nous
Un vent de liberté
Dans nos têtes fragiles
Et prêtes à oublier
Il faut sourire encore
Renverser dans nos têtes
Les murs et les idées
Et vibrer comme un cri
L'espace d'un cri – au vent
On oublie tout – avant
Que les poings levés
Quand la révolte gronde
S'ouvrent en une main tendue
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9. |
Une danse
02:32
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Elle étend ses bras aussi loin que l'envie
Qui me prend quand elle danse avec moi - toute la nuit
Aérienne et puissante elle virevolte, elle bondit
Elle tend la main au loin, exultant - elle sourit
Licencieuse déesse, tes mouvements comme une ode
Font tournoyer les vents - de ma mélancolie
Enlaçons-nous ce soir, vivons, embrasons nous
Que tes grands yeux rieurs nous invitent à l'amour
Tu regardes ma belle s'allumer contre moi
Et nos yeux dans nus cette nuit avec toi
Le rythme s'ensorcelle et ses beaux pieds s'envolent
En un rite tribal - comme lumière d'étoile
Tu glisses sur ma peau, déesse d'une nuit
Ton parfum vient caresser - toutes nos envies
Et là, apothéose, à trois coups dans la nuit
Glissant jusqu'au dehors – nous révèle – en vie
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10. |
Cartables slam
05:17
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Nous avions dans nos cartables
De lourds livres d’Histoires anciennes.
Nous portions sur nos dos les dates et les fables,
Les faits marquants d’hier, les défaites, les victoires
Les grands bouleversements et les valeurs d’antan.
Et nos dos s’en souviennent.
Aujourd’hui ils plient sous nos actualités
Et nous sommes malades d’avoir trop rêvé
Aux lendemains qui chantent, et qui ne chantent plus
Quand plus rien désormais ne concède à la rue.
Nous sommes engagés, là, dans le flux du temps
Qui tourne bien malgré nous, et bien mal bien souvent.
Nos vies qui se déchirent trop tôt en s’adaptant
S’inscrivent contre nous dans la fuite en avant.
C’est un signe des temps, quand les révoltes grondent
Que tant de poings levés ne désignent qu’hier,
Et l’Histoire qui s’enfuit, et puis la fin d’un monde,
Le déclin de la masse, de nous deux, de la terre.
Reste la solitude, prêtresse de nos rêves,
Le souvenir de nous dont témoignent nos lits,
Et la colère au cœur qui devient notre sève
Quand le plaisir nous quitte, las d’avoir trop joui.
Des rêves j’en avais, dans ma tête il en reste.
Des fantasmes, des lueurs, des milliers de désirs.
Tout attendre d’une femme, un seul mot, un seul geste
Ou bien de toutes celles qui concèdent au plaisir.
Nous sommes las de jouir de nos corps en secret
Et de nous dévêtir des oripeaux, des traits
Qu’obligent le travail, les dimanches en famille,
Cette cravate au cou qui enserre, et la tête fourmille,
Les sourires obligés, le vin comme un secours
A tout ce qui prétend s’apparenter d’amour.
Oui nous n’avons gardé que ça des temps anciens
En concédant le reste à la modernité.
Pas les grands idéaux, nous frères, la liberté,
Les leçons de l’Histoire, les faits des gens de bien.
L’époque n’est, mon frère, qu’à tous les sacrifices,
Le père qui turbine pour l’avenir de son fils,
Le fils qui n’espère guère que le salaire du père,
Et pour tout un chacun qu’une promesse : la misère.
Misère du bout de pain que les crédits amputent,
Misère de la fête, toute teintée d’inculture,
Quand au bout de la table l’écran joue l’aventure
Et disperse nos sens mieux qu’une armée de putes.
L’époque est finissante, on le sent dans nos chairs
Elle se bat contre nous, résiste à nos désirs
Mais passera la main sans besoin d’une guerre.
C’est le propre des temps que de savoir finir.
A poil, sans cache-misère, les corps en liberté
Et la tête remplie de nos rêves à créer,
Nous cueillerons les fleurs des espoirs que l’on sème
Et trouverons le temps de nous rendre à nous-mêmes.
Nous avions dans nos cartables, lourds comme le poids du temps,
Sur le dos, des histoires, et le temps d’en écrire.
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11. |
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Ce matin noir en expirant
La clope serrée
Entre deux doigts qui tremblent
J’ai senti des canaux des rivières
De substances humaines
De la moelle en glissade
Sous les pieds fatigués
J’ai senti des myriades de rêves
Inonder la plaie ouverte de mon cerveau
J’ai senti des lucioles en peine
Luisantes sous un ciel d’orage
Quand le monde s’entraîne
Aux déraisons aux batailles
Sans trêve pour les malheureux
J’ai senti ma poitrine s’ouvrir
A la chaleur de l’autre
J’ai voulu serrer mon espoir
De vivre dans l’éternité d’un songe
Le vent se lève sur l’opéra
Un chant remonte à la lumière
Et sous les yeux désabusés des reines
On peut distinguer des chimères
Et voir l’humanité en rêve
Et voir l’humanité danser
Une ronde tournante emporte les cœurs secs
Dans la tourmente et je vacille
Entre deux doigts qui tremblent je me consume
Des traders soutirés à leur course
Tombent des les bras de la justice
Et le peuple se lève, et le peuple se lève
Trop tôt ou trop tard pour attirer son rêve
Et le peuple se soulève dans un râle
Pour retomber sur la couche moite
De ses désirs inaltérés
Maintenant c’est comme une ritournelle
Celle d’un enfant nu dans un terrain vague
Ramassant sur le sol brûlé les rêves
D’un semblant d’éternité
Maintenant c’est comme un bruissement d’aile
Qui ranime tout un ciel d’été
Quand sous les balles et les chimères
Une conscience s’est éveillée
J’ai senti ma poitrine s’ouvrir
A la chaleur de l’autre
J’ai voulu serrer mon espoir
De vivre dans l’éternité d’un songe
Pourquoi chanter encore des chants de liberté ?
Pourquoi serrer contre soi les Chimène
Les tendresses parfois anonymes des reines
Qui se damnent pour un baiser
Pour une aurore, pour une larme
Pour une sensation d’exister
Pourquoi ranimer les blessures de guerre
Les tensions contractées
Pourquoi donner à la terre
Cette illusion d’être oubliés ?
Parce que le vent souffle en nos rêves
Et qu’il reste un doigt d’humanité
Dans nos cœurs parfois trop secs
Ou dans nos consciences brûlées
Parce qu’il y a dans l’univers
Assez de partenaires pour jouer
Parce qu’il y a dans l’avenir
L’espoir d’une trêve pour exister
J’ai senti ma poitrine s’ouvrir
A la chaleur de l’autre
J’ai voulu serrer mon espoir
De vivre dans l’éternité d’un songe
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Mahagonny Paris, France
Mahagonny c'est un duo rock poétique, sensuel et engagé, avec les textes en français et les guitares électriques de Stéphane Arnoux et le violon mélanco-tripant d'Inès Noor.
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